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L'effet cocotte-minute : jamais autant de femmes managers n'ont claqué la porte

Source : Madame Figaro - Sofiane Zaizoune


Salaires inférieurs à ceux des hommes, manque de promotions, trop peu de flexibilité, charge mentale et tâches domestiques... Épuisées au travail, sous pression à la maison, de plus en plus de femmes managers démissionnent.


Après la «Grande démission», la «Grande rupture» ? Voilà comment les auteurs du rapport Women in the Workplace 2022, publié par McKinsey et LeanIn, la fondation de Sheryl Sandberg, qualifient le départ massif des femmes cadres dirigeantes. Le bilan de cette étude, menée sur la base d'informations communiquées par 333 entreprises, employant 12 millions de personnes, et de questionnaires adressés à 40.000 salariés américains et canadiens, est sans appel : les top managers claquent la porte en masse. Pour une femme promue, deux autres s'en vont. Dans les Comex, seul un siège sur quatre est occupé par une femme, et seul un sur vingt lorsqu'il s'agit de femmes issues des minorités.


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Certes, ce fossé se creuse en amont, dès les premiers échelons hiérarchiques : pour 100 hommes promus à un poste de management, seules 87 femmes le sont, et 82 si elles appartiennent à une minorité. Mais le nombre de dirigeantes baisse aussi car celles qui parviennent au sommet refusent d'y rester à n'importe quel prix. «Les femmes attendent plus de leur travail, et elles quittent leurs entreprises à un niveau sans précédent pour l'obtenir.»


En faire plus, pour recevoir moins


Ce qui les pousse à partir ? Une forme de lassitude face à une pression constante, accrue par les inégalités de genre, pointent les auteurs du rapport. D'abord, elles doivent lutter plus que les hommes pour s'affirmer dans l'entreprise. Les femmes sont plus souvent confondues avec une salariée junior, voient davantage leurs collègues s'approprier leurs idées, et doivent davantage défendre la clarté de leur jugement ou la solidité de leurs compétences.


Ensuite, elles estiment consacrer beaucoup plus de temps et d'énergie au bien-être, à l'égalité et à la diversité des équipes, sans en tirer de reconnaissance - 40 % d'entre elles affirment que cela n'est pas pris en compte dans l'analyse de leur performance. Pourtant, la plupart des entreprises interrogées admettent que leurs managers ont dû fournir plus d'efforts, depuis la pandémie, pour assurer le bien-être de leurs équipes, alors que le télétravail rendait leur tâche plus difficile, et sans toujours être formés à ces nouveaux enjeux. Résultat : 43 % des cadres dirigeantes sont en burn-out, contre 31 % des hommes de niveau égal.


L'urgence à plus de flexibilité


La culture d'entreprise constitue l'autre versant du problème. Les cadres dirigeantes attendent de leur employeur une meilleure prise en compte de leur bien-être, de la diversité et de l'inclusion. Elles sont 1,5 fois plus nombreuses que leurs collègues masculins à avoir quitté leur poste pour cette raison.


Elles attendent aussi davantage de flexibilité dans l'organisation de leur travail , à commencer par le : c'est l'un des trois critères les plus importants dans le choix d'un emploi pour 49 % des femmes dirigeantes, contre 34 % des hommes. En somme, «elles mènent la transition vers un lieu de travail plus inclusif et qui soutient davantage ses salariés, estiment les auteurs du rapport, soit ce que la prochaine génération d'employés, et particulièrement les jeunes femmes, veut et attend.» Reste à savoir si le monde du travail saura leur répondre.



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