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Pourquoi le présentéisme nuit à votre carrière

Source : Les Echos Start - Lucile Quillet



BONNES FEUILLES// Vous avez tendance à vous éterniser au bureau pour ne pas être mal vu ? Ce n'est pas la bonne stratégie, selon la journaliste Lucile Quillet, spécialiste de la vie professionnelle des femmes et de leur émancipation économique. Ce texte est extrait de son livre « Devenir badass au travail », paru le 7 septembre aux éditions Diateino.


C'est un petit jeu stupide auquel encore trop d'entreprises et de salariés s'adonnent : être au travail pour être au travail. Un dogme qui fait du premier à lever le camp le perdant et de celui qui reste le plus tard le gagnant. Mais que gagne-t-on vraiment à fermer la boutique ? Peu de choses.


Les désavantages côté privé


· Moins de temps pour votre vie privée. Puisque 80 % de votre journée sont dédiés au travail, vous optez le soir pour des activités passives qui ne bousculent surtout pas vos neurones essorés : une série, un film… Votre vie privée se réduit, et vos perspectives aussi.

· De la fatigue. Partir à 21 h 30 tous les soirs pour revenir à 8 h 45 le lendemain a un prix physique et mental. Vous allez vous coucher, éreintée par toutes ces heures passées sans interruption devant un écran. Un terreau propice aux erreurs.

· De la frustration. Le présentéisme est ingrat : personne ne vous félicitera d'être restée jusqu'à 22 heures. Demain est un autre jour, les gens ont la mémoire courte, même s'ils sont ceux qui récoltent les fruits de votre labeur. Face à un tel manque de reconnaissance, votre motivation se délite : vous adhérez de moins en moins aux valeurs de l'entreprise.


Vous vous trouvez obligée de rester tard ? Envoyez systématiquement un mail de clôture ou bilan à votre boss quand vous partez. Si votre entreprise a la mémoire courte, les preuves écrites, elles, restent.


Les désavantages côté professionnel


· Vous passez pour quelqu'un de corvéable. Si vous ne posez pas vos limites, on dépose toujours plus de dossiers sur votre bureau, vu que « vous l'avez déjà fait, vous pouvez le faire à nouveau ». Être compréhensive et « sympa » ne vous fera pas gagner le respect professionnel des autres : vous deviendrez juste la bonne pâte qui joue la variable d'ajustement.


· Vous habituez les autres à un temps de présence anormal. Bientôt, les horaires à rallonge ne seront plus exceptionnels, mais juste vos horaires « normaux ». Et le jour où vous souhaiterez partir à une heure décente, vous pouvez être certaine qu'on vous le fera remarquer.


· Vous dévalorisez vos capacités professionnelles. Croire que le présentéisme est votre meilleur atout pour défendre votre place reviendrait à avoir bien peu d'estime en vous. Rester tard au travail peut être perçu comme le signe d'une mauvaise gestion de votre temps et de vos priorités.


Plutôt que travailleuse débordée, vous devez vous affirmer comme une personne organisée, cadrée et efficace. Rappelez-vous : votre nombre d'heures n'est pas synonyme de votre niveau d'engagement ; vos résultats, si.


Qu'est-ce que le vrai repos ?


En sortant du travail, éreintée comme chaque soir, vous enchaînez sur trois heures de série sur Netflix ou de jeu vidéo pour vous vider la tête. Mais, dès que vous éteignez l'écran, le travail envahit de nouveau votre cerveau. Vous vous êtes échappée, mais pas reposée. Nous nous contentons de définir le repos comme une forme de passivité, loin de l'agitation et du stress. Alors qu'il s'agit en réalité de cesser une activité, mais pas toute activité.


Ses formes peuvent ainsi être multiples. La forme la plus efficace de repos est celle qui nous fait relativiser. Investir son énergie dans une autre activité, qui nous procure satisfaction et fierté, permet de nous accomplir par un autre biais que le travail. Vous vous reposez en étant curieux, en relevant d'autres challenges, en forgeant des souvenirs positifs hors travail, en créant d'autres choses… Vous respirez un autre air. Ainsi, votre vie n'a pas à être réduite « parce que vous êtes fatiguée » : elle peut aussi s'ouvrir sur d'autres espaces qui vous procurent encore plus de bien-être.


L'astuce : le rendez-vous de fin de journée


Dans la mesure du possible, fixez vos rendez-vous extérieurs en fin d'après-midi. Avec un rendez-vous à 17 heures, personne n'attend votre retour. Un retard de votre contact, une conversation passionnée sur le secteur ou un client qui vous « tient la jambe »… Tout un panel des possibles pour ne pas repasser par la case bureau, quand bien même votre entretien serait bouclé après 30 minutes. À votre bon loisir !


Que répondre à « Tu as posé ta journée ? » ?


Vous partez à 18 heures, et votre collègue sournois vous lance la question tant redoutée. Au lieu de vous embourber dans des justifications, répondez en une phrase factuelle : « Non, pourquoi ? », « Non, puisqu'il est 18 heures », « J'ai bouclé ma journée, pas toi ? ». Ou sinon, ne répondez rien, ça en dit tout autant !


Faire valoir son droit à la déconnexion


La frontière entre vie privée et vie professionnelle est poreuse : qui n'a jamais traîné un dernier dossier jusqu'à la table basse du salon ? Qui n'a jamais jeté un oeil à ses mails passé minuit ?


Avec les interfaces technologiques, la barrière entre nos deux vies a été encore plus ébranlée : certains collègues sont désormais nos « amis » sur Facebook, notre téléphone portable nous envoie des notifications à table, et votre chef s'inquiète de l'absence de réponse à son message WhatsApp alors qu'il a « vu que vous l'aviez vu ».


Pourtant, depuis 2017, la déconnexion est désormais un droit des salariés reconnu par la loi, dans le sens où les outils mobiles ne doivent en aucun cas obliger les salariés à rendre des comptes à n'importe quelle heure. L'employeur se doit de respecter la vie privée et le besoin de repos de ses salariés en dehors des heures de travail. Chaque entreprise possède une charte qui définit son propre cadre d'application de ce droit. Certains groupes ont même reconfiguré leur messagerie de façon à inciter les salariés à différer l'envoi de leur mail tardif aux heures de travail habituelles.


Il vous faudra beaucoup d'autodiscipline pour cesser la consultation frénétique de vos outils de travail à distance. S'il est facile d'adopter ces mauvaises habitudes, il est tout aussi libérateur de s'en passer.


Verrouillez votre journée avec des interdits progressifs


Par écrit, définissez quels sont les paliers horaires que vous ne souhaitez pas franchir (ou seulement en cas d'urgence), tâche par tâche. En respectant ces interdits, vous fermez peu à peu les portes pour glisser d'un temps à l'autre. Demandez-vous jusqu'à quelle heure maximum…


· Je réponds au téléphone ?

· Je consulte mes mails ?

· Je réponds aux mails ?

· Je reste au travail ?

· Je parle du travail à la maison ?


Par ailleurs, vous pouvez mettre en place ce mécanisme de verrouillage dans le sens inverse avec les habitudes de votre vie personnelle : pas de Facebook au travail, pas d'appels privés entre telle et telle heure…


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