LA NEWS DE WOMEN FIRST #175
- Axel Elmaleh
- 13 nov.
- 6 min de lecture

Le thème de la semaine
« Les femmes ont-elles ruiné le monde du travail ? » : une polémique qui interroge 📰
Le New York Times a récemment déclenché une tempête en ligne en publiant un épisode de podcast intitulé « Did Women Ruin the Workplace? », où deux autrices conservatrices accusent le féminisme et le mouvement #MeToo d’avoir transformé (voire abîmé) la culture professionnelle.
En quelques heures, le titre a suscité indignation et sarcasmes.
Face au tollé, le journal a légèrement retitré l’épisode : « Did Liberal Feminism Ruin the Workplace? ».
Le fond, lui, est resté le même.
Ce qu’il faut retenir 📌
Le podcast interroge « l’impact des femmes sur le monde du travail », autour du chroniqueur Ross Douthat et de deux essayistes conservatrices, Helen Andrews et Leah Libresco Sargeant.
Helen Andrews critique frontalement #MeToo, affirmant qu’il impose de « croire toutes les femmes », et cite l’affaire Aziz Ansari comme exemple d’“excès”.
En réalité, les études disponibles montrent que les fausses accusations représentent entre 2% et 8% des signalements, alors que près des deux tiers des agressions sexuelles ne sont jamais déclarées : un rappel utile dans ce débat souvent déformé.
Le titre initial a été dénoncé comme une provocation inutile, voire comme une façon de recycler de vieux discours patriarcaux sous un emballage “tendance”.
Et maintenant ? 💡
Cette polémique pose une vraie question :
➡️ Pourquoi les progrès en matière d’égalité, de leadership féminin ou de transformation du travail sont-ils encore perçus comme des menaces plutôt que comme des opportunités ?
Cet épisode souligne l’importance de :
👉 défendre une vision ambitieuse et inclusive du leadership
👉 déconstruire les discours qui culpabilisent les femmes ou caricaturent leurs avancées
👉 rappeler que le monde professionnel gagne en performance, en éthique et en créativité quand la diversité progresse
La news de la semaine
Prix Femina 2025 : Nathacha Appanah récompensée pour La Nuit au cœur 📚
Une victoire littéraire… et un livre indispensable.
Le prix Femina 2025 a couronné le nouveau roman de Nathacha Appanah, La Nuit au cœur (Gallimard).
À 52 ans, l’autrice mauricienne signe un texte bouleversant qui entremêle trois histoires de femmes victimes d’emprise et de violences conjugales :
- Chahinez Daoud, assassinée en 2021 à Mérignac
- Emma, cousine de l’autrice, tuée par son époux en 2000 à l’île Maurice
- …et sa propre histoire, marquée par l’emprise d’un homme bien plus âgé
Un récit à la frontière du roman, de l’enquête et de l’autofiction, qui ausculte la violence systémique tout en redonnant un visage, une voix et un temps à celles que la société efface trop vite.
Un livre qui éclaire une réalité tragique 💥
Le roman rappelle des chiffres glaçants : 135 femmes ont été tuées depuis le début de l’année 2025 par leur conjoint ou ex-conjoint en France.
Dans le cas de Chahinez Daoud, l’autrice raconte ce moment terrible où elle porte plainte auprès… d’un policier condamné lui-même un mois plus tôt pour violences conjugales.
La faillite institutionnelle à l’état brut.
Une œuvre qui refuse les étiquettes ✍️
Même si le prix Femina est décerné par un jury exclusivement féminin, Nathacha Appanah refuse qu’on réduise son ouvrage à un “livre de femmes pour les femmes”.
Elle insiste : La Nuit au cœur doit être lu aussi par les garçons et les hommes, car les histoires de ces femmes parlent de famille, d’éducation, de filiation et du rôle fondamental que chacun joue dans la reproduction (ou la rupture) de la violence.
Un roman sur le temps, la mémoire et la survie ⏳
Appanah tisse un récit où les temporalités se chevauchent :
👉 le temps médiatique et cacophonique du fait divers
👉 le temps effacé d’Emma, réduite à une seule photo
👉 le temps intime de l’autrice, qui affronte ses propres fantômes
Elle décrit l’emprise comme une manière de fabriquer un “autre soi”, une part que l’on croit faible mais qui, paradoxalement, permet de survivre.
Une autrice majeure, consacrée depuis 25 ans 🎖️
Nathacha Appanah; déjà autrice d’une douzaine de romans; confie avoir pensé, au moment de l’annonce du prix, à son parcours et à son travail de 25 ans, et à la joie qu’elle aurait voulu déposer sur chacun de ses livres précédents.
La Nuit au cœur, paru le 21 août 2025, s’impose aujourd’hui comme l’un des textes essentiels de cette rentrée littéraire.
Le focus de la semaine
Violences sexuelles : un constat alarmant, malgré la libération de la parole 🚨
Les chiffres 2023 du ministère de l’Intérieur et de l’Insee sont tombés et ils confirment une tendance préoccupante.
325.000 personnes ont déclaré avoir été victimes de violences sexuelles physiques l’an dernier, soit une hausse de 20% en un an.
Et derrière ces chiffres, une réalité glaçante : les femmes sont cinq fois plus nombreuses que les hommes à se déclarer victimes.
Cette hausse s’inscrit aussi dans un contexte de :
- Libération de la parole, qui conduit davantage de victimes à oser témoigner
- Amélioration de l'accueil des victimes par les services de sécurité
Des plaintes encore trop rares ⚖️
Malgré la hausse des signalements, les dépôts de plainte restent extrêmement faibles :
👉 seules 6% des victimes de violences physiques et 2% des victimes de violences “non physiques” (harcèlement sexuel, exhibition, etc.) osent franchir la porte d’un commissariat
Pourquoi ?
Les raisons reviennent souvent : le sentiment que “cela ne servirait à rien”, que les faits ne sont “pas assez graves”, ou la peur que leur parole ne soit “pas prise au sérieux”.
Un contexte de hausse générale des atteintes 🚨
Les discriminations progressent également de +17% (soit 1,96 million de personnes concernées), notamment chez les personnes immigrées, en situation de handicap ou issues de minorités.
Les violences physiques augmentent de 7%, les menaces de 12%, et le harcèlement moral de 6%.
Là encore, la libération progressive de la parole contribue à rendre visibles des faits longtemps tus, sans pour autant que la réponse judiciaire progresse au même rythme.
Un appel à l’action 🔍
Ces données, issues d’une enquête menée auprès de 200.000 personnes, montrent combien le chemin reste long pour garantir à toutes et tous la sécurité et la justice.
Les paroles se libèrent, les chiffres grimpent, mais la confiance envers les institutions peine encore à suivre.
Un constat clair : tant que les victimes n’auront pas confiance en la prise en charge de leur parole, les statistiques continueront de masquer l’ampleur réelle du phénomène.
Post LinkedIn of the week "Women First"
Briser les plafonds de verre, redéfinir le pouvoir : Christine Lagarde l’a fait, à l’échelle mondiale. ⬇️
Une formation juridique et un début de carrière fulgurant🎓
Christine Lagarde débute sa carrière chez Baker & McKenzie, l’un des plus grands cabinets d’avocats internationaux.
Spécialiste du droit du travail, de la concurrence et des fusions-acquisitions, elle gravit rapidement les échelons pour devenir, en 1999, la première femme, et première non-américaine, à présider le comité exécutif mondial du cabinet.
Un engagement politique au plus haut niveau de l'Etat 🇫🇷
En 2005, elle entre au gouvernement français, d’abord comme ministre déléguée au Commerce extérieur, puis comme ministre de l’Agriculture, avant d’être nommée ministre de l’Économie, des Finances et de l’Emploi.
Elle devient alors la première femme à occuper ce poste dans un pays du G8.
Sa gestion rigoureuse de la crise financière de 2008 est saluée par ses pairs.
En 2009, The Financial Times la nomme meilleure ministre des Finances d’Europe.
Un leadership mondial au sein du FMI 🌍
En 2011, Christine Lagarde est nommée directrice générale du Fonds monétaire international.
Elle est la première femme à diriger cette institution.
Durant ses deux mandats, elle défend une vision plus inclusive de l’économie mondiale et œuvre pour plus de transparence et de coopération entre les États membres.
Forbes la classe à plusieurs reprises parmi les femmes les plus puissantes au monde.
A la tête de la Banque Centrale Européenne 💶
En 2019, elle succède à Mario Draghi à la présidence de la Banque centrale européenne.
Une nouvelle première pour une femme, et un tournant historique pour l’institution.
À la tête de la BCE, Christine Lagarde s’impose comme une dirigeante claire, stratégique et soucieuse de dialogue, dans un contexte marqué par des défis économiques et géopolitiques majeurs.
Women First revient sur Instagram !
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